Passer d’une micro-entreprise à une EURL : formalités légales, avantages et étapes clés
Vous hésitez entre devenir auto-entrepreneur ou créer une EURL ? Ces deux options n'ont rien à voir. D'un côté, l'auto-entreprise vous permet de démarrer rapidement avec des démarches allégées et des charges calculées sur votre chiffre d'affaires réel. De l'autre, l'EURL constitue une vraie société où vos biens personnels restent protégés en cas de difficultés. Alors, comment choisir ? Tout dépend de votre projet. L'EURL apporte-t-elle des avantages qui justifient sa création plus complexe ? Et surtout, connaissez-vous les limites de revenus à ne pas dépasser quand on est micro-entrepreneur ? Autant de questions à éclaircir avant de vous lancer.

Comprendre le régime de la micro-entreprise en France
La micro-entreprise, qu'on appelle aussi auto-entreprise dans le langage courant, représente une forme d'activité individuelle qui se distingue par ses démarches administratives allégées. Dans les faits, vous êtes seul aux commandes de votre activité et vous profitez d'un système fiscal et social nettement moins lourd qu'une société classique.
Quand on parle de micro-entreprise, on désigne en réalité la personne qui gère l'activité et qui relève des régimes micro-social et micro-fiscal. Un point intéressant à noter : une EURL simplifiée peut aussi choisir ce régime, sans pour autant devenir une micro-entreprise au sens strict du terme.
Les plafonds de chiffre d'affaires à respecter
Pour bénéficier du régime micro, vous devez absolument rester en dessous de certains seuils de revenus :
- Vente de biens, marchandises ou hébergement : votre chiffre d'affaires annuel doit rester sous la barre des 188 700 €.
- Prestations de services commerciales, artisanales ou libérales : vous ne pouvez pas dépasser 77 700 € par an.
- Activité mixte : l'ensemble de vos revenus ne doit pas excéder 188 700 €, avec un maximum de 77 700 € pour la partie prestations de services.
Exemples concrets
Prenons Julie, qui installe un salon de coiffure chez elle. Comme elle propose des prestations de services, elle doit veiller à ne pas franchir le seuil des 77 700 € annuels pour garder son statut micro. De son côté, Thomas commercialise des créations artisanales sur internet : il peut encaisser jusqu'à 188 700 € par an sans souci.
Pour ceux qui jonglent avec plusieurs activités - mettons la vente de bijoux en ligne couplée à des ateliers créatifs - il faut surveiller les deux limites simultanément : le total général ne doit pas franchir 188 700 €, et les revenus des ateliers doivent rester sous 77 700 €.
Bon à savoir :
- Le régime micro rend le calcul des cotisations sociales et de l'impôt beaucoup plus simple, mais vous ne pourrez pas déduire vos frais réels.
- Si vous dépassez ces plafonds, vous basculez automatiquement vers un régime réel d'imposition, ce qui implique une comptabilité bien plus complexe.
- Même en micro-entreprise, vous pouvez prétendre à certaines aides comme l'ACRE (Aide aux Créateurs et Repreneurs d'Entreprise).
Zoom sur l'EURL : l'entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée
L'EURL, ou Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée, désigne une société avec un seul associé. À la différence de la micro-entreprise, on parle ici d'une personne morale qui offre l'avantage d'une responsabilité limitée : votre patrimoine personnel reste normalement distinct de celui de la société.
Autrement dit, l'EURL reprend le fonctionnement d'une SARL traditionnelle, à la différence près que vous en êtes l'unique associé. Cela vous permet de monter une société et de profiter de son cadre juridique et fiscal, tout en gardant les pleins pouvoirs.
Les plafonds de chiffre d'affaires à respecter
- Activité commerciale ou d'hébergement : le chiffre d'affaires annuel ne peut excéder 91 900 €.
- Prestations de services ou professions libérales : le plafond annuel s'établit à 36 800 €.
Exemples concrets
Marc monte une EURL pour commercialiser des meubles design qu'il fabrique lui-même. Il peut réaliser jusqu'à 91 900 € de chiffre d'affaires par an sans que sa société ne bascule vers un régime plus contraignant. Sophie, de son côté, lance une EURL pour son activité de consultante en communication : elle devra veiller à rester en dessous des 36 800 € annuels pour conserver les régimes simplifiés.
Bon à savoir :
- Contrairement à la micro-entreprise, l'EURL sépare votre patrimoine personnel de celui de l'entreprise, ce qui réduit considérablement les risques financiers en cas de difficultés.
- Vous disposez d'une certaine souplesse fiscale : l'EURL peut choisir entre l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés, selon ce qui vous arrange le mieux.
- Si votre activité décolle, vous pouvez transformer votre EURL en SARL en accueillant d'autres associés, ce qui facilite grandement le développement.
Les avantages de créer une EURL
Une gestion simplifiée pour un seul associé
Avec une EURL, vous êtes le seul maître à bord : chaque décision vous appartient. Cette indépendance vous fait gagner un temps précieux et vous évite les désaccords entre associés qui surviennent souvent dans d'autres formes de sociétés. Exemple : Clara crée une EURL pour son activité de photographe. Elle fixe seule ses tarifs, choisit ses partenaires et réalise ses investissements sans avoir à demander l'avis de qui que ce soit.
Responsabilité limitée et protection du patrimoine personnel
Votre responsabilité se limite au montant de votre apport, conformément à l'article L.223-1 du Code de commerce. Résultat : votre patrimoine personnel reste à l'abri face aux dettes de l'entreprise.
Bon à savoir : En cas de coup dur financier pour votre société, vos biens personnels, votre logement et votre compte bancaire personnel ne sont pas menacés.
Liberté dans le capital social
Vous déterminez librement le montant du capital social dans les statuts, en fonction de vos besoins et de votre secteur d'activité. Cela peut aller d'un euro symbolique à un montant plus substantiel pour rassurer vos partenaires commerciaux ou votre banque.
Publication d'une annonce légale de création
Pour officialiser la naissance de votre EURL, la loi vous oblige à publier une annonce légale d'EURL dans un journal habilité. Cette annonce reprend les informations clés de la société : nom, capital, adresse, activité, identité de l'associé unique et du gérant. Exemple : pour une EURL de conseil en marketing, l'annonce mentionnerait le capital de 1 000 €, l'adresse du siège et le nom du gérant. Cette démarche est indispensable pour l'immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS).
Possibilité d'évolution vers une SARL
Une EURL peut aisément se transformer en SARL si vous souhaitez intégrer de nouveaux associés. Cette flexibilité vous permet d'accompagner le développement de votre entreprise sans avoir à repartir de zéro.
Choix du régime fiscal
Vous pouvez basculer entre l'impôt sur le revenu (IR) et l'impôt sur les sociétés (IS), selon ce qui correspond le mieux à votre situation. Exemple : un consultant pourra opter pour l'IR afin de simplifier le calcul de ses revenus, alors qu'un commerçant avec un chiffre d'affaires important préférera peut-être l'IS pour optimiser sa charge fiscale.
Accès au régime micro-social (sous conditions)
En choisissant l'IR, vous pouvez profiter du régime micro-social, similaire à celui des micro-entrepreneurs, ce qui allège le paiement de vos cotisations sociales. Cela facilite le démarrage et réduit les contraintes administratives.
Bon à savoir :
- Vous pouvez créer une EURL avec un capital symbolique, mais il reste sage d'évaluer vos besoins réels pour ne pas vous retrouver coincé plus tard.
- Le passage de l'IR à l'IS reste possible en cours d'activité, offrant une vraie souplesse fiscale pour suivre la croissance de votre entreprise.
- La publication d'une annonce légale est obligatoire pour immatriculer votre EURL au RCS.
- Même si vous êtes seul, vous devez tenir une comptabilité, contrairement à la micro-entreprise, ce qui garantit une meilleure visibilité sur vos finances.
Passer d'une micro-entreprise à une EURL : avantages et inconvénients
Les avantages du passage à l'EURL
L'atout majeur réside dans la possibilité de franchir les plafonds de chiffre d'affaires qui bloquent la micro-entreprise. Alors que cette dernière vous impose des limites strictes (77 700 € pour les prestations de services, 188 700 € pour la vente), l'EURL offre des seuils plus généreux, ce qui permet à votre activité de se développer sans basculer brutalement dans un régime réel compliqué.
Autre point fort : la conversion en SARL devient nettement plus simple avec une EURL. Vous pouvez accueillir de nouveaux associés et structurer votre société pour obtenir des financements, renforcer votre crédibilité auprès de vos partenaires ou préparer une expansion.
Exemple : Julien, micro-entrepreneur dans le e-commerce, atteint rapidement les 100 000 € de chiffre d'affaires annuel. En passant en EURL, il protège son patrimoine personnel et bénéficie d'un plafond de 91 900 € pour les activités commerciales, tout en préparant l'arrivée éventuelle d'associés pour financer sa croissance.
Les inconvénients à anticiper
Le passage à l'EURL entraîne toutefois davantage de démarches administratives et juridiques. Créer une société nécessite notamment :
- La rédaction de statuts, précisant le capital social et les règles de fonctionnement ;
- La publication d'une annonce légale dans un journal habilité pour officialiser la création ;
- L'immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) ;
- La tenue d'une comptabilité complète, bien plus exigeante que pour une micro-entreprise.
Par ailleurs, l'EURL vous impose des déclarations fiscales et sociales plus fréquentes et détaillées, ce qui peut représenter une charge administrative conséquente quand on est seul.
Bon à savoir :
- Le passage à l'EURL convient particulièrement aux entrepreneurs qui approchent les plafonds de la micro-entreprise et qui souhaitent protéger leur patrimoine.
- Cette évolution peut également répondre à des besoins de financement ou à l'envie d'intégrer des associés.
- Il est vivement conseillé de vous faire accompagner par un expert-comptable pour gérer toutes ces formalités et optimiser le choix de votre régime fiscal.